La France à la pointe ? Le rapport de la Commission de l'IA donne le ton
13 mars 2024 : la Commission de l'Intelligence Artificielle publie un rapport intitulé "IA : notre ambition pour la France". Ce document décrit les perspectives économiques, sociales et écologiques envisagées pour l'IA française. Comment les expert·es de ce rapport ont-ils·elles appréhendé les mutations de nos sociétés par le prisme de l'IA? Comment prévoient-ils·elles de mettre la France à la pointe de la technologie ?
Un fond d'investissement de 10 milliards d'euros par an
2023 : l'arrivée des IA génératives développées par des grandes entreprises américaines pousse les autorités françaises et européennes à s'y intéresser de plus près. Pour ne pas passer à côté des bénéfices économiques, les experts·es préconisent d'instaurer une IA française et souveraine. L'objectif économique ? Générer une croissance issue de la productivité et de la créativité. D'un point de vue géopolitique, cela sécuriserait l'ensemble du processus des équipements, en particulier la puissance de calcul pour le fonctionnement de l'IA et la fabrication de semi-conducteurs.
Cela passe d'abord par un investissement sur des entreprises d'IA françaises, ou le développement de projets IA au sein des entreprises. Un budget de 5 milliards d'euros par an serait consacré aux financements des entreprises, à la formation aux IA. Des crédits d'impôts inciteraient les entreprises à héberger leurs données sur des datacenters à proximité. Les expert·es prévoient également de créer un fond d'investissement France IA de 10 milliards d'euros, dont les sept dixièmes proviendraient des grandes entreprises comme Google, de Meta et de Mistral AI. Celles-ci ont d'ailleurs participé à l'élaboration de ce rapport.
Pour que la valeur des innovations issues de l'intelligence artificielles soit équitablement répartie, des actions de sensibilisations soutenues par la commission consultative du numérique sont actuellement en cours sur le territoire français. Des fonds seraient également distribués pour renforcer la formation du grand public à ces technologies. Une appropriation collective permettrait de mieux sensibiliser aux cas d'usages, de participer aux dialogues sociaux et de faire appel à la justice pour contester les décisions algorithmiques.
Des lois et des régulateurs pour appréhender les décisions des IA
En effet, les expert·es invitent les partenaires sociaux à mettre en place « un accord national interprofessionnel sur le numérique et l’IA ». Cela serait le fruit des discussions sur la présence d'un système IA dans la vie des salariés. Dans le cadre de recrutement ou d'un licenciement, si les décisions finales viennent d'une IA, la personne lésée a le droit d'en être informée. A l'échelle internationale, les expert·es conseillent de rendre transparents les conditions de travail des sous-traitants s'occupant des logiciels, de la modération et de l'entraînement des IA.
Après le vote de l'IA Act promouvant de la transparence quant à la façon dont les données sont collectées, traitées et archivées, les expert·es prévoient l'intervention d'une tierce personne ou d'une entité telle qu'une organisation mêlant des organismes privés et publics. Cela renforcerait la transparence et la surveillance des activités des projets IA. Les artistes verraient leur droit de propriété intellectuelle respecté. Ils·elles bénéficieraient d'un droit de retrait sur les œuvres utilisées pour entraîner les IA. Les fabricants devraient indiquer les conditions pour les récupérer.
Une IA française au service de la transition énergétique et écologique
Face aux défis climatiques, les IA pourraient, à long terme, compenser leurs propres émissions carbones en encourageant les innovations vertes. Selon le rapport, la microélectronique est de plus en plus économe en termes de consommation de ressources naturelles. Quant aux ingénieur·es chargé·es d'entraîner les IA, ils·elles conçoivent des modèles approvisionnés par une énergie renouvelable. Il ne reste plus qu'à évaluer les conséquences environnementales de l'utilisation de ces technologies par des centaines de millions d'individus.
Il est certain que le coût de chaque requête sera un champ central de la compétition autour des systèmes d’IA. A ce titre, les modèles spécialisés consomment aujourd’hui moins d’énergie que les modèles à usage général, et de nombreuses pistes sont explorées, que ce soit pour améliorer les modèles, trouver de nouvelles architectures ou de nouveaux modèles. Augmenter la transparence sur l’impact énergétique des modèles d’IA permettrait aux utilisateurs de faire des choix éclairés et de peser au-delà des incitations économiques.
IA : Notre ambition pour la France
Références :
- Le Monde : Un plan d’action pour placer la France « à la pointe » de l’IA
- Commission de l'intelligence artificielle - IA : NOTRE AMBITION POUR LA FRANCE
[Photo de couverture issue du rapport]
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