Meta accusé de cibler les adolescents en détresse émotionnelle à des fins commerciales

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Meta accusé de cibler les adolescents en détresse émotionnelle à des fins commerciales

9 avril : Sarah Wynn-Williams, lanceuse d'alerte et ex-directrice de la politique publique mondiale chez Facebook, a pris la parole devant le Sénat américain.

Dans un premier temps, elle a révélé que Meta ciblait délibérément, à des fins commerciales, les adolescent·es selon leur état émotionnel. Son témoignage décrit une plateforme identifiant les moments de mal-être des utilisateurs·rices (sentiment d’échec, solitude, dévalorisation...) pour leur proposer des publicités susceptibles de provoquer un achat.

Les citations sont actuellement traduites en français.

L'une des choses à propos de la publicité, c'est que les annonceurs savent que lorsque les gens ne se sentent pas bien dans leur peau, c’est souvent un bon moment pour leur proposer un produit. Les gens sont alors plus susceptibles d’acheter quelque chose. Et donc, ce que faisait l’entreprise, c’était d’informer ces annonceurs que ces adolescents de 13 à 17 ans se sentaient déprimés, en disant que c’était un très bon moment pour leur montrer une publicité. Ou bien, si une fille de 13 ans supprimait un selfie, c’était vu comme un excellent moment pour essayer de lui vendre un produit de beauté.

Sarah Wynn-Williams

Sarah Wynn-Williams accuse également Meta d’avoir collaboré avec le Parti Communiste Chinois, allant jusqu’à développer des outils de censure sur mesure pour ce régime autoritaire.

Dans le cadre de l’outil de censure qui a été développé, il y avait des compteurs de viralité : donc chaque fois qu’un contenu dépassait les 10 000 vues, cela déclenchait automatiquement un examen par ce qu’ils appelaient le rédacteur en chef. Ce qui était particulièrement surprenant, c’est que les compteurs de viralité n’étaient pas seulement installés mais aussi activés à Hong Kong et à Taïwan.

Sarah Wynn-Williams

Meta aurait également pris des mesures impactant des ressortissant·es chinois·es :

Lorsque Pékin a exigé que Facebook supprime le compte d’un dissident chinois de premier plan vivant sur le sol américain, ils l’ont fait. Et ils ont ensuite menti au Congrès, lorsqu’on leur a posé des questions à ce sujet lors d’une audition au Sénat. Ils ont fait tout cela en secret pour gagner les faveurs de Pékin et construire une entreprise de 18 milliards de dollars en Chine. Pendant tout ce temps, l’entreprise qui a le plus aidé la Chine à prendre un avantage technologique, c’est Meta.

Sarah Wynn-Williams

Meta nie fermement ces accusations, les qualifiant de « fausses » et « déconnectées de la réalité ». Les propos de Sarah Wynn-Williams relancent toutefois un débat houleux sur l’éthique des géants du numérique face à la santé mentale des adolescent·es.

Références :

[Photo de couverture : Senat américain]

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