Usages digitaux des français : les 4 enseignements du Baromètre du numérique 2025
Il n'y a que les jeunes pour passer trop de temps sur leur écran ? Seuls les seniors ont besoin d'aide pour réaliser leurs démarches en ligne ? L'édition 2025 du Baromètre du numérique éclaire les usages digitaux des français·es, balayant au passage quelques stéréotypes.
Depuis 2008, le CREDOC (Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie) réalise un Baromètre du numérique en étudiant les usages digitaux des français·es. A l'été 2024, plus de 4000 personnes ont été interrogées sur leurs habitudes numériques.
Cette enquête par sondage est menée conjointement avec :
- L'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique),
- L'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse)
- Le CGE (Conseil Général de l’Economie)
- L’ANCT (Agence Nationale de la Cohésion des Territoires)
💡 L'ensemble des visuels illustrant cet article sont tirés de l'édition 2025 de ce Baromètre.
La question du temps d'écran quotidien
En 2024, presque trois-quarts des français·es interrogé·es passent plus de 2h par jour sur des écrans à titre personnel.
39%
des 18-25 ans admettent y passer plus de 5h par jour.
Source : Baromètre du numérique 2025
Les 60-69 ans ne sont pas en reste : 25% d'entre elles·eux y consacrent autant de temps. Les 12-25 ans ressentent qu'ils·elles passent trop de temps sur leur portable, et ne peuvent pas s'en passer plus d'une journée (tout comme 65 % des détenteurs·rices de smartphone, quel que soit leur âge).

Le sentiment de passer trop de temps sur son écran est renforcé par la consommation des réseaux sociaux. 59% des français·es (tous âges et milieux confondus) utilisant ces plateformes plusieurs fois par jour estiment que les écrans prennent trop de place dans leur quotidien.
L'empreinte carbone du numérique : un enjeu encore sous-estimé
En 2024, 48% des français·es détiennent un smartphone depuis moins de 2 ans - ils·elles étaient 63% dans ce cas en 2020.
27%
des personnes interrogées déclarent conserver leur appareil plus de 3 ans (+11 points).
Source : Baromètre du numérique 2025
La principale motivation pour en acheter un autre : avoir un système d'exploitation ou un smartphone qui fonctionne, dans 71% des cas. L'achat de ces équipements apparaît de moins en moins compulsif.

En revanche, les anciens smartphones sont le plus souvent conservés : 49% des personnes interrogées pensent qu'il peut encore servir. 14% des français·es, tous âges confondus, évoque une crainte concernant la protection de leurs données personnelles (5 points de plus qu'en 2020). Enfin 14% des personnes ne savent pas quoi en faire. Autant de freins pour le recyclage et la récupération de matériaux pouvant être réutilisées, une démarche participant à la réduction de l'empreinte numérique des français·es.
Enfin, les français·es sont globalement peu regardant·es sur l'impact carbone de leur consommation. Si les opérateurs sont dorénavant obligés d'informer leurs client·es sur leur impact carbone, à peine plus d'un quart des personnes prend connaissance de ces données.

L’intelligence artificielle de plus en plus sollicitée par les français·es
En 2024, l'usage des outils d'IA s'est accéléré :
1/3
des français·es admettent y avoir eu recours pour réaliser une requête, que ce soit dans le cadre d'un usage personnel (pour 26% d'entre elles·eux) ou professionnel.
Source : Baromètre du numérique 2025
Seulement 1 français·e sur 5 s'en était servi en 2023.
Et si plus des trois-quarts des 18-24 ans ont utilisé l'IA au moins une fois, cette technologie a aussi séduit 17% des 40-59 ans, qui s'en servent dans leur activité professionnelle (9 points de plus qu'en 2023). Le nombre des 12-17 ans qui utilisent l'IA comme aide aux devoirs a triplé en un an, et doublé chez les 18-25 ans.

L'étude rapporte également qu'à emploi égal, les hommes se tournent plus facilement vers l'IA que les femmes. Cette tendance, restée stable en 1 an, illustre l'hypothèse que les femmes auraient moins confiance en leurs capacités à comprendre son fonctionnement et seraient plus demandeuses de formation sur ce sujet.
La perception de l'intelligence artificielle est également restée stable. Un cinquième des français·es considèrent l'IA comme une chance pour l'emploi, la création artistique, l'environnement et l'éducation tandis que 29% la voient comme une menace. Toutefois, plus les français·es avancent en âge, plus ces technologies sont perçues comme une menace pour l'emploi : 68% des 40-59 ans le pensent (50% pour les 12-17 ans). Idem pour la formation : 53% des 40-59 ans s'en inquiètent, contre 28% des 12-17 ans.
L'une des principales raisons évoquées par les usager·es n'ayant pas recours aux outils d'IA ? La crainte d'une fuite de leurs données personnelles.
La cybersécurité et les tâches administratives : un accompagnement nécessaire
Si l'utilisation des informations personnelles des internautes est désormais régulée par le RGPD (Règlement général sur la protection des données), la protection des données reste un sujet de préoccupation pour un quart des français·es, quel que soit leur âge et milieu social. Les cyberattaques subies par les entreprises et les administrations entretiennent ces inquiétudes. Comme l'attaque ciblant France Travail en mars 2024, qui avait permis aux pirates de dérober les données personnelles de 43 millions de français·es.
Parmi les autres inquiétudes relevées, la question des arnaques en ligne comme celle du cyberharcèlement sont particulièrement ressenties par les français·es les moins diplômé·es. 26% d'entre elles·eux craignent d'être cyberharcelé·es ou escroqués (contre 18 % des personnes possédant au minimum le baccalauréat).

Malgré tout, un tiers des français·es ne ressent aucune crainte à utiliser ces technologies. D'ailleurs, entre 2020 et 2024, le nombre de personnes utilisant les outils numériques sans difficulté est restée plutôt stable : de 60% à 64%. Toutefois, l'accompagnement des personnes en difficulté face au numérique doit être approfondie, notamment chez les personnes non diplômées.

Concernant les démarches administratives, les résultats sont un peu plus mitigés :
44%
des français·es éprouvent des difficultés à effectuer leur démarche en ligne.
Source : Baromètre du numérique 2025
Cela concerne 64% des 18-24 ans contre 41% des 60-69 ans, 52% des personnes percevant des bas revenus, et la moitié des non-diplômé·es.
Parmi les motifs indiqués :
- la peur de se tromper figure au premier rang (18%) notamment chez les personnes sans diplôme (24%),
- les problèmes de conception du site (16%) notamment relevés par les plus diplômé·ees (19%),
- une mauvaise compréhension des consignes (13%).
Preuve que si de plus en plus d'outils numériques sont déployés, notamment dans les services publics, il reste indispensable d'accompagner les usager·es pour apprendre à s'en servir - ou de proposer une alternative physique pour pouvoir réaliser ces démarches.
Références :
- Baromètre du numérique 2025 Crédoc
- France Travail - France Travail et Cap emploi victimes d'une cyberattaque
- 3 Humlum, A., & Vestergaard, E. (2024). The Adoption of ChatGPT. SSRN Electronic Journal. Carvajal, D., Franco, C., Isaksson, S. (2024).
- Will Artificial Intelligence Get in the Way of Achieving Gender Equality? SSRN Electronic Journal.
[Photo de couverture : Getty Images]
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