10 ans de Benchmark Green IT : bilan et défis du numérique responsable
Depuis 10 ans, le Benchmark Green IT réunit des organisations pour mesurer l’impact de leur système d’information ainsi que leur maturité numérique responsable. Cette démarche collective donne lieu chaque année à une étude qui met en lumière l’évolution des pratiques et des impacts du numérique.

Interview
Laure Alfonsi
Référente de l’association La Fresque du Numérique dans le Rhône et fondatrice de Zeb & Web
Qu'est-ce que le Benchmark GreenIt ?
Le Benchmark Green IT est une opération du collectif Green IT. Elle existe depuis 10 ans et réunit, chaque année, des organisations volontaires pour réaliser dans une démarche collective un bilan Green IT, avec :
- La quantification des impacts environnementaux et sanitaires de leur système d'information.
- L'évaluation de la maturité de leurs équipes sur le Green IT.
Quel est son objectif ?
Ses deux principaux objectifs sont de :
- Permettre aux organisations de réaliser un bilan de leur système d'information sur le plan du Numérique Responsable, collectivement, dans une démarche établie et à moindre coût.
- Observer l'évolution des impacts du numérique en entreprise et de la maturité des organisations, d'année en année, à travers une étude publiée à chaque édition (en licence Creative Common BY-NC-ND), sur la base des moyennes des résultats.
La licence en question signifie que :
- BY (Attribution) : il faut citer l’auteur·rice si l'étude est réutilisée.
- NC (Non-Commercial) : l'étude ne peut être utilisée à des fins commerciales.
- ND (No Derivative) : l'étude ne peut être modifiée, adaptée ou transformée.
En cette 10ème année, y a-t-il une dynamique de réduction d'impact à observer ?
Globalement et malheureusement, non. On observe surtout des transferts d'impacts, notamment de la phase de fabrication à la phase d'utilisation.
Si on fait un focus sur les choses positives, le budget individuel d'émissions de gaz à effet de serre a subi une légère baisse depuis 2016. Mais d'autres indicateurs augmentent (l'utilisation des ressources fossiles par exemple).
Les rapports s'accumulent, montrant que l'impact du numérique ne cessent de croître. En parallèle, avez-vous noté un nombre croissant de participant·es souhaitant tendre vers plus de sobriété numérique ?
Le nombre de participant·es au Benchmark reste relativement stable ces dernières années. Il a même baissé sur cette édition, les inscriptions ont eu lieu en 2024 - une année défavorable au Numérique Responsable. La tendance en 2025 est bien meilleure. On sent un engouement nouveau pour le sujet. J'espère que l'édition 2026 sera l'occasion d'un beau rebond !
Quels sont les typologies de structures qui participent au Benchmark ?
Nous accueillons, au sein du Benchmark Green IT, tout type de structures, des plus petites au plus grandes, publiques et privées, avec des tarifs adaptés à la taille de la structure.
Nous avons également réalisé une édition spéciale pour les collectivités en 2024, pour les accompagner dans le mise en conformité avec la loi REEN (Réduire l'empreinte environnementale du numérique). Nous serions ravis d'avoir l'occasion de refaire des éditions sectorielles, côté public, bancaire, retail ou autre. Nous pourrions prendre en compte les spécificités métier. Un programme passionnant !
Pour quelles raisons y participent-elles ?
Les raisons sont assez différentes d'une entreprise à l'autre, cela peut être pour :
- Faire ses premiers pas dans une démarche Green IT au sein d'un cadre rassurant.
- Echanger avec ses pairs lors des ateliers.
- Réaliser un état des lieux à un instant donné et construire un plan d'action, ou observer les fruits du travail accompli.
- Aquérir un avantage concurrentiel et mieux répondre aux critères d'achats des grands comptes.
- Anticiper la réglementation.
Quelles sont les plus grandes difficultés qu'elles rencontrent ?
Évaluer les impacts associés aux usages Cloud. Il est très compliqué d'obtenir des données concrètes de la part des fournisseurs. C'est d'ailleurs une des limites de l'étude : le Cloud y est sous-représenté.
Nous n'évaluons que ce qui est quantifiable : les VMs (machine virtuelle qui permet de découper un serveur en petites parties) et le stockage, ce qui exclut le SAAS (service en ligne), et donc une grande partie des services Cloud, à défaut d'indicateur d'impact fiable. On ne compte donc pas la majorité des usages de l'intelligence artificielle... nous encourageons vivement les fournisseurs de ces services à se mobiliser sur le sujet.
Et quels sont les domaines dans lesquels leur progression est la plus notable ?
Depuis 10 ans, on observe des progrès côté environnement utilisateur·rice, notamment sur la durée de vie des équipements. Cela explique aussi le transfert des impacts de la fabrication vers la phase d'utilisation, que je mentionnais tout à l'heure. D'un côté, on a des équipements dont la fabrication s'amortit au fur et à mesure que la durée de vie augmente. De l'autre, on a une augmentation légère mais continue des taux d'équipements serveurs et réseaux, qui sont très consommateurs à l'utilisation.
Dans la même logique, côté domaines du SI, ce sont les centres de données, puis le réseau local, qui prédominent aujourd'hui. On peut également noter l'explosion du nombre d'écrans, quand les taux des autres équipements des utilisateurs·rices sont relativement stables.
Un mot de la fin ?
Le Benchmark Green IT est un outil de référence pour évaluer ses impacts sur la base de méthodologies rigoureuses, sa maturité et pour suivre l'évolution des impacts du numérique au bureau. Nous avons besoin de vous, participant·es, pour continuer à observer ces impacts !
L'édition 2025 s'achève et nous lançons dès à présent les inscriptions pour l'édition 2026. Je vous invite vivement à découvrir l'étude 2025, et les modalités 2026 pour nous rejoindre.
Références :
[Photo de couverture : Kaleidico]
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