Comment mettre un terme aux situations de cyberharcèlement ?

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Cindy VazquezCindy Vazquez

7 min

Comment mettre un terme aux situations de cyberharcèlement ?

59 % des français·es déclarent avoir déjà subi du harcèlement en ligne : un chiffre en constante augmentation. Zoom sur ce phénomène de plus en plus répandu, et sur les moyens de s’en prémunir.

Le harcèlement en ligne : un phénomène en plein boom

Aussi appelé cyberharcèlement ou cyberintimidation, il se définit comme :

Un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule.

Source : Ministère de l'Education

Celui-ci peut prendre diverses formes :

  • intimidation : insultes, menaces ou moqueries,
  • propagation de rumeurs,
  • piratage de comptes : usurpation des profils, par exemple dans le but de publier des messages,
  • sexting (envoi de messages à caractère sexuel) non consenti ou vengeance pornographique (partage public de vidéos ou photos envoyées dans le cadre privé).

Avec le développement des nouvelles technologies, les formes de cyberharcèlement se multiplient. Notamment avec l’engouement pour l’intelligence artificielle et ses possibilités presque infinies. Avec l’IA, il devient facile de détourner des photos ou des vidéos, ou encore d'insérer le visage d'une personne dans un visuel compromettant (une pratique désignée sous le nom de deepfake).

Le harcèlement en ligne chez les jeunes fait couler beaucoup d'encre, et ce n'est pas un hasard :

15%

des adolescent·es (presqu'1 sur 6) a déjà été victime de harcèlement en ligne.

Source : Organisation Mondiale de la Santé

Les signalements sur la plateforme PHAROS (portail officiel de signalement de contenus illicites sur Internet) sont nombreux : 111 522 signalements ont été effectués au 1er semestre 2024, dont 8 398 menaces, 1 853 atteintes à la vie privée et 13 350 atteintes aux mineur·es.

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Pourquoi le cyberharcèlement est-il si difficile à combattre ?

Au fil des ans, la parole se libère sur les faits de harcèlement en ligne. Pourtant, la médiatisation et la sensibilisation accrues ne semblent pas brider le phénomène.

Une des premières causes qui rendent le cyberharcèlement difficile à combattre est l’anonymat. Rien de plus facile, sur Internet, que de créer un profil en masquant son identité. Ce qui complexifie le travail de la justice, car il est parfois impossible de découvrir qui se cache derrière un pseudo.

Même si cela tend à changer, certaines plateformes ne sont pas assez sécurisées. Il est possible de créer des profils sans aucune vérification et il n’y a pas forcément de modérateurs·rices supervisant les échanges dans les espaces de discussion. Si certaines plateformes envisagent d'utiliser l’IA pour modérer en temps réel les échanges de leurs membres, d’autres ont carrément fait le choix de se passer de modérateurs·rices. En 2024, le réseau social X (ex-Twitter) s'est d'ailleurs illustré dans ce domaine. Ce qui conduit à s'interroger sur la pertinence des réglementations en vigueur.

Bien que les tabous se brisent petit à petit, le cyberharcèlement reste un sujet extrêmement complexe à aborder pour les victimes. Pour certain·es, le harcèlement en ligne peut entraîner une détresse psychologique aigüe, avec à la clé des conséquences fatales. Or certaines affaires montrent la difficulté de faire condamner les harceleurs·ses. Par exemple celle de Marie, jeune fille harcelée qui s’est suicidée, dont les parents ont porté plainte contre TikTok en 2023.

L'autre caractéristique extrêmement problématique du harcèlement en ligne est son caractère potentiellement continu. Contrairement au harcèlement “classique” qui s’arrêtait une fois la victime éloignée de son·sa tortionnaire (par exemple en dehors de l'école), le harcèlement en ligne s’invite dans l’intimité. A l'ère de l'hyperconnectivité et de l'omniprésence des écrans, les harceleurs·ses disposent de moyens pour accéder à leurs victimes à tout moment, où qu’elles soient.

Quelles solutions pour se protéger ?

Pour se protéger, et protéger les personnes vulnérables de votre entourage, commençons par quelques conseils utiles de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) :

  • Sécurisez vos comptes : utilisez des mots de passe différents et difficiles à deviner. Mettez également en place la double authentification pour encore plus de sécurité. En plus de vous aider à éviter le piratage de vos comptes, cela empêchera une personne mal intentionnée d’usurper votre identité (et donc de pouvoir publier ce qu’elle veut en se faisant passer pour vous) .
  • Évitez de partager vos informations personnelles (notamment vos coordonnées...).
  • Restez vigilant·e : si vous voyez un message haineux, signalez-le, même s’il ne vous est pas adressé.
Signaler un contenu illicite de l'internet > Ce contenu illicite porte sur * > Mise en danger des personnes > Terrorisme > • Menaces ou incitation à la violence > Tortures ou actes de barbarie > Pédophilie ou corruption de mineur sur Internet > o Incitation à la haine
Formulaire de signalement - PHAROS

Il est également essentiel de sensibiliser les enfants et adolescent·es aux bonnes pratiques en ligne : ils·elles doivent apprendre les réflexes à adopter en cas de cyberharcèlement, qu'ils·elles en soient témoins ou victimes. Voici quelques pistes utiles à tous·tes :

  • Ne supprimez pas les messages de harcèlement, même s'il est tentant de les faire disparaître, car ils peuvent constituer des preuves.
  • Vérifiez les paramètres de confidentialité sur vos comptes, notamment les données concernant votre identité. Vous pouvez restreindre les personnes ayant accès à ce type d’informations.
  • Faites attention aux applications tierces : ne téléchargez que des applications provenant de sites ou de magasins officiels. Lisez les demandes d’autorisation des applications pour ne pas les laisser accéder à l’ensemble de votre appareil (photos, liste de contacts, agenda, micro...)

Les victimes de harcèlement n’osent pas toujours en parler directement à leurs proches. Mais il existe des plateformes d'écoute à leur disposition :

3018

service gratuit accessible via chat, application ou téléphone, 7 jours sur 7 de 9h à 23h, dédié aux victime de harcèlement ou de violences numérique.

Source : e-enfance

Rappelons que le cyberharcèlement est un délit qui peut être puni de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende. Si la victime est mineure, le·la harceleur·se risque 3 ans de prison et 45 000 € d’amende.

Si la route peut sembler encore longue pour stopper le cyberharcèlement, il est important que chacun·e agisse. En signalant chaque contenu violent, en sensibilisant les jeunes et en adoptant les bons gestes, nous pouvons tous lutter contre le harcèlement en ligne.

Références :

[Photo de couverture : Road Ahead]

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