Clap de fin pour Windows 10 : quelles répercussions, et quelles solutions ?

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Isabelle CytowiczIsabelle Cytowicz

7 min

Clap de fin pour Windows 10 : quelles répercussions, et quelles solutions ?

Le 14 octobre 2025, le support de Windows 10, système d’exploitation de Microsoft lancé en 2015, rendra son dernier souffle en vue de laisser place à Windows 11. Cette décision concerne 1,4 milliard d’utilisateurs·rices à travers le monde. Elle soulève donc des questions sociales et environnementales importantes. Quelles seront les conséquences globales d’un tel changement ? Des solutions alternatives existent-elles ?

Les causes d’une fin programmée

Un cycle de vie qui touche à son terme

Microsoft a indiqué sur son site officiel qu’il « ne fournira plus de mises à jour logicielles gratuites, de correctifs de sécurité, ni d’assistance technique » pour son système d'exploitation Windows 10 à partir du 14 octobre 2025. Concrètement, cela signifie que les ordinateurs équipés de Windows 10 continueront de fonctionner, mais sans bénéficier du support de protection. Ils deviendront donc progressivement plus vulnérables aux cyberattaques.

L’entreprise américaine a lancé Windows 10 en 2015 avec un engagement de 10 années de maintenance. Une durée aussi appliquée pour les précédentes versions de Windows (XP, Vista, 7, 8.1). Officiellement, cette pratique permet à l’éditeur de se concentrer sur les produits récents et d’éviter une dispersion des ressources techniques et sécuritaires.

Des exigences de sécurité de plus en plus hautes

Avec l’évolution des menaces, l’entreprise américaine a introduit dans Windows 11 des exigences matérielles plus strictes. Par exemple, cette nouvelle version contient un TPM 2.0, un module de plateforme sécurisée qui protège les données et une fonctionnalité Secure Boot qui contrôle l’accès au démarrage du PC. Les ordinateurs plus anciens et moins performants ne pourront pas supporter ces exigences techniques récentes.

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Quelles conséquences cela aura-t-il pour les utilisateurs·rices de PC sous Windows 10 ?

Des usager·es pris·es au dépourvu

De nombreux foyers, établissements scolaires ou associations dépendent à ce jour d’ordinateurs qui fonctionnent sous Windows 10. Sans les mises à jour de sécurité, ces machines peuvent devenir dangereuses, surtout si elles contiennent des données sensibles : noms, adresses, informations bancaires, etc.

Pour les personnes âgées, les ménages à faibles revenus ou les personnes mal à l'aise avec l'informatique, la perspective d’acheter un nouvel ordinateur ou de migrer vers Windows 11 peut constituer un véritable obstacle. La fracture numérique pourrait ainsi s’accentuer, excluant davantage les individus déjà éloignés des technologies de l’information.

Des coûts supplémentaires pour les organisations

Pour les entreprises et administrations, la fin de Windows 10 coûtera cher. En effet, celles qui souhaitent rester sous ce système d'exploitation devront mettre la main au porte-monnaie. Pour une durée de trois ans, Microsoft leur propose le programme Extended Security Updates (ESU), qui continuera de leur fournir les correctifs de sécurité pour 61 dollars la première année. Un tarif qui doublera ensuite chaque année.

Les organisations qui décideront de migrer vers Windows 11 devront s’assurer que leur matériel fonctionne correctement. Sinon, elles seront obligées d’investir pour remplacer leur parc informatique. Dans tous les cas, il s'agit d'investissements financiers conséquents qui peuvent détourner leurs ressources d’autres priorités essentielles.

Et pour la planète ?

Une hausse attendue des déchets électroniques

Selon l’ONU et l’Union internationale des télécommunications, le monde a généré 62 millions de tonnes de déchets électroniques en 2022. La fin du support de Windows 10 pourrait gonfler ces chiffres alarmants en poussant des millions d’ordinateurs, parfois encore fonctionnels, vers la benne. Ces déchets représentent non seulement un coût écologique, mais aussi un enjeu sanitaire, car ils contiennent des substances toxiques comme le plomb ou le mercure.

L’impact climatique du numérique déjà préoccupant

En parallèle, la fabrication de nouveaux ordinateurs accroît l’empreinte carbone du secteur du numérique. En France, l’Agence de la Transition écologique (ADEME) et l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) estiment que ce secteur représentait 4,4 % des émissions de gaz à effet de serre du pays en 2022. Leur étude prévoit que cette part pourrait tripler d’ici 2050 si nous ne faisons rien pour atténuer son impact. Autant de chiffres publiés avant la montée en puissance de l’IA générative… ce renouvellement accéléré des PC risque donc de renforcer le phénomène.

Les solutions possibles pour les utilisateurs·rices concerné·es

Le programme ESU pour prolonger la sécurité

Comme pour les organisations, Microsoft a mis en place un programme ESU pour les particuliers qui permet d’utiliser Windows 10 jusqu’au 13 octobre 2026. En Europe, ce service sera gratuit pendant un an à condition, entre autres, de disposer d’un compte Microsoft et de s'y connecter régulièrement. Cette mesure, adoptée sous la pression des client·es et des associations de consommateurs·rices européen·nes, offre un répit temporaire aux citoyen·nes.

Des programmes de reprise et recyclage

Pour les PC non compatibles avec Windows 11, la firme de Redmond promeut ses programmes de reprise et de recyclage. Ils permettent aux usager·es de rapporter leurs anciens appareils pour qu’ils soient reconditionnés ou recyclés selon les normes environnementales de chaque pays. Les produits éligibles peuvent également bénéficier d’un remboursement pour l’achat d’un nouvel ordinateur Surface, la marque de Microsoft.

D'autres filières de traitement et de revalorisation existent pour les produits numériques. On pense notamment aux organisations à but non lucratif comme ecosystem, Envie ou encore LaCollecte.tech (lancée par Emmaüs).

Des systèmes d'exploitation alternatifs

Enfin, certain·es utilisateurs·rices se tournent vers des systèmes d’exploitation libres, comme Linux, permettant d’installer un dispositif moderne et sécurisé sur son ordinateur. Bien que Microsoft ne fasse pas la promotion de cette option, elle est déjà mise en pratique dans des filières de reconditionnement afin de donner une seconde chance aux machines victimes de l’obsolescence programmée.

Passer à un logiciel libre quand on n'a connu que Windows peut faire peur. Heureusement, de nombreux sites spécialisés proposent des guides faciles à suivre. De son côté, le gouvernement français fait la promotion d'un cours en ligne gratuit et ouvert à tous·tes pour s'initier à Linux.

La fin du support de Windows 10 répond à la logique implacable du cycle de vie technologique, mais ses répercussions sur la société et la nature sont lourdes. Dans une ère de réflexion sur un numérique plus responsable, les médias rapportent que cette mise à jour forcée rendra plus de 400 millions d'ordinateurs inutilisables. Des solutions alternatives existent, mais une question demeure : ces dispositifs seront-ils suffisants pour amortir le choc d’une transition forcée qui touche plus d'un milliard d’utilisateurs·rices à travers le monde ?

Références :

[Photo de couverture : Joshua Hoehne]

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