Sortir du brouillard : comment distinguer les fake news des informations fiables ?
A l'heure où les fake news prolifèrent, et alors que l'information n'a jamais été aussi abondante, quelques réflexes peuvent nous éviter de tomber dans le piège de la désinformation.
30%
des français·es interrogé·es ont répondu positivement à la question « pensez-vous pouvoir faire confiance à l’actualité la plupart du temps ? »
Source : Reuters Institute (2021)
La défiance de la population française à l’égard de l’information et des médias s’explique en partie par la prolifération des fake news. Celles-ci menacent la vitalité démocratique en manipulent l’opinion publique, entravant de ce fait le débat essentiel au fonctionnement de la démocratie.
Une fake news est une « fausse nouvelle lancée en connaissance de cause dans le champ médiatique », selon les termes de Pascal Froissart, enseignant-chercheur en communication.
Dès lors, une fake news, ce n’est pas juste une information fausse ou incorrecte : elle se distingue par une intention claire de tromper, mentir ou détourner les faits pour servir des intérêts idéologiques, politiques ou financiers.
Si les fake news ont toujours existé, elles ont pris une ampleur considérable ces dernières années. Ce phénomène de contagion de la désinformation s’explique notamment par l’essor et la démocratisation des réseaux sociaux. Par ailleurs, selon l’IFOP, 73% des français·es estiment être submergé·es par les flux d’informations quotidiens. Conséquence de ce trop-plein médiatique :
48%
des français·es considèrent qu’il est assez difficile, voire très difficile, de distinguer les informations fiables des fake news.
Source : IFOP
Fake news : portée émotionnelle et viralité
L’un des risques principaux de la désinformation en ligne réside dans la facilité avec laquelle les utilisateurs·rices peuvent relayer les fake news en quelques clics seulement. Un phénomène renforcé par le fait qu’il n’est nullement nécessaire d’avoir des compétences reconnues sur le sujet abordé pour rendre l’information crédible et véridique aux yeux des internautes.
Ce partage de masse est particulièrement effectif dans le cas des fake news puisqu'elles ont généralement une portée émotionnelle très puissante. Elles se répandent plus rapidement que des informations légitimes car elles sont spécifiquement conçues pour attirer l’attention et susciter des émotions comme la peur, l’indignation ou la colère. Leur viralité réside donc dans leur capacité à provoquer des réactions immédiates, créant un sentiment d’urgence et de menace généralisé.
Par exemple, une rumeur très répandue sur la toile en 2020 affirmait que les vaccins contre le COVID-19 pouvaient entraîner l’infertilité chez les femmes. Cette rumeur est partie d’une déclaration de Michael Yeadon, un ancien chercheur chez Pfizer connu pour ses positions antivaccin. L’information a rapidement circulé sur Natural News, un site complotiste diffusant régulièrement de fausses informations sur la santé. Elle a ensuite été relayée massivement par des utilisateurs·rices méfiant·es vis-à-vis de la vaccination, notamment sur Twitter et sur Facebook. Cette fake news a suscité une grande anxiété et contribué à l’hésitation vaccinale, complexifiant le contrôle de la pandémie par les autorités politiques et sanitaires.
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Enjeux et défis de la lutte contre les fake news
Les fake news représentent un danger considérable pour la démocratie, mais aussi et plus généralement pour la cohésion sociale des populations.
Tout d’abord parce que la propagation massive d’informations trompeuses en ligne, notamment sur les réseaux sociaux, peut manipuler l’opinion publique, influencer les élections politiques voire saper la légitimité des résultats. Par exemple, lors des élections présidentielles américaines de 2016, la fausse information selon laquelle le Pape François aurait soutenu Donald Trump s’est rapidement propagée sur Twitter. Plus largement, la diffusion de fausses informations érode la confiance du public envers les médias et les institutions démocratiques.
Avec leur portée émotionnelle importante, les fake news ont aussi tendance à exacerber les divisions et la polarisation des sociétés, ce qui limite le dialogue et freine les débats autour de sujets cruciaux. Ce fut le cas avant et pendant la crise des réfugié·es de 2015, lorsque des groupes politiques d’extrême-droite affirmaient que les migrant·es constituaient une menace immédiate pour la sécurité et les valeurs européennes. Ces informations ont alimenté la peur et la xénophobie, aggravant les tensions populaires.
Distinguer les informations fiables des fake news
L’éducation aux médias et au sens critique est essentielle pour ne pas tomber dans le piège de la désinformation. La situation est d’autant plus urgente que :
67%
des français·es déclarent douter de la véracité des informations numériques, même quand elles proviennent d’un journal reconnu.
Source : IFOP
Voici quelques pistes pour éviter d’être manipulé·e, et de partager involontairement des fake news :
- Vérifiez l’URL du site Web : l’adresse web de la page consultée peut être un indicateur de la qualité des informations diffusées. Les sites mensongers présentent parfois des fautes d’orthographe dans leur URL ou utilisent des extensions particulières comme « .infonet », « .xyz », « .click », « .offer ».
- Consultez les mentions légales affichées sur les sites : les médias français possèdent un numéro de CPPAP (Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse) certifiant leur statut de service de presse.
- Prêtez attention à la source des informations diffusées, notamment dans le cas d'articles partagés dans des groupes Telegram, WhatsApp...
- Renseignez-vous sur la fiabilité de l’auteur·rice : vérifiez que l’article est bien signé, relativement récent, que son auteur·rice est crédible et transparent·e et qu’il·elle propose du contenu sourcé.
- Prêtez attention à l’apparence du site : parfois le visuel, les défauts de traduction, le type de publicité, les fautes d’orthographe… sont révélateurs de la crédibilité des informations que l’on trouve sur la page en question.

Évaluez la nature du site et faites preuve de recul : forums, journaux parodiques, médias satiriques, sites de divertissement… sont à prendre avec des pincettes. Prenez le temps de vous renseigner sur la nature du site consulté, pour ne pas risquer de prendre une information satirique au premier degré. Posez-vous également la question de l’intérêt de l’information, de son contexte, de son orientation idéologique et politique.
Méfiez-vous de vos propres biais : de nombreux algorithmes sur le Web font en sorte de vous proposer du contenu semblable à ce que vous avez l’habitude de lire, ce qui peut restreindre la diversité des points de vue auxquels vous êtes confronté·e. De quoi vous laisser croire que vous vous basez sur des informations vérifiées, ce qui n’est pas toujours le cas. Prenez l'habitude de croiser vos sources d’information pour élargir votre compréhension globale et éviter les biais cognitifs.
En plus des réflexes individuels, des initiatives comme des plateformes de vérification des faits commencent à gagner en popularité. Parmi elles :
- Les Décodeurs (rubrique du média Le Monde)
- CheckNews (rubrique du journal Libération)
- AFP Factuel
- FactCheck
- Snopes
Lutter contre les fake news est essentiel pour préserver la démocratie et la cohésion sociale. Face à une défiance populaire croissante à l’égard des médias, il est impératif d’apprendre à distinguer l’information fiable des contenus trompeurs. En développant notre esprit critique et en s’efforçant de diversifier nos sources, nous pourrons naviguer plus sereinement dans l’océan d’informations qui nous entoure.
Références :
- E-enfance - Les fake news, qu’est-ce que c’est ?
- Ministère de la Culture - Infox et autres recommandations pour fake news
- Digimind - Les Français face aux médias, à l’information et aux fake news - les chiffres
- L’Express - La vaccination rend-elle stérile ? La fake news qui complique la campagne aux États-Unis
- Info Gouv : Lutter contre les fake news
- La Nouvelle République - « Fake News » : « L’émotion » avant « le raisonnement »
[Photo de couverture : Tom Roberts]
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