ChatGPT : OpenAI propose ses fonctionnalités de contrôle parental

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Léna JauzeLéna Jauze

ChatGPT : OpenAI propose ses fonctionnalités de contrôle parental

La mort d’Adam Raine, 16 ans, en Californie en avril dernier, a relancé le débat sur les dangers de l’IA : les parents de l'adolescent accusent ChatGPT de lui avoir donné des instructions pour se suicider. Sous pression, OpenAI a réagi en lançant, lundi 29 septembre, un contrôle parental pour mieux encadrer l’accès des adolescent·es à son intelligence artificielle.

Les comptes parents et adolescents peuvent être liés, ce qui donne aux parents la possibilité d’ajuster certains paramètres, de fixer des limites et d'ajouter des protections adaptées aux besoins de la famille.
Des réglages accessibles en cliquant sur son nom d'utilisateur, puis sur Paramètres et Contrôles Parentaux
Add Jeremy Junior as your parent or guardian?
Si vous acceptez, Jeremy Junior pourra gérer certains de vos paramètres, limiter la durée d'utilisation et activer des mesures de protection adaptées à votre famille.
Nous ne partagerons pas les détails de vos conversations avec ChatGPT, sauf dans certaines circonstances exceptionnelles liées à des questions de sécurité. Vous pourrez supprimer le lien entre son compte et le vôtre à tout moment. En savoir plus

Les parents peuvent désormais limiter le contenu sensible, désactiver le mode discussion orale avec le chatbot, la génération d’images, définir des horaires d’utilisation et recevoir des alertes si l'outil détecte des signes de détresse. Un groupe d'employé·es formé·es examine ces alertes et un protocole est prévu pour contacter les services d’urgence si le parent est injoignable.

Écarter les contenus sensibles
Activer des mesures supplémentaires pour la protection des adolescents. En savoir plus
Améliorer le modèle pour tous
Autoriser l'utilisation des transcriptions et autres fichiers de votre enfant pour entraîner les modèles utilisés par ChatGPT et Sora. En savoir plus
Faire référence aux éléments mémorisés
Autoriser ChatGPT à enregistrer et à utiliser les éléments mémorisés pour répondre. En savoir plus
Mode vocal
Autoriser votre enfant à utiliser le mode vocal dans ChatGPT. En savoir plus
Génération d’images
Autoriser ChatGPT à créer ou à modifier des images.
Heures de pause
Définir la plage horaire durant laquelle l’utilisation de ChatGPT est bloquée.

Cette initiative intervient dans un contexte où l’usage des chatbots par les jeunes est massif et parfois chargé d’une dimension émotionnelle importante. Une étude de Common Sense Media révèle que 72 % des adolescent·es ont utilisé des compagnons IA, et 33 % d'entre elles·eux ont développé des relations ou des amitiés avec ces chatbots. Certains jeunes décrivent leurs interactions avec les chatbots comme plus satisfaisantes que celles avec des ami·es réel·les.

“Une pièce du puzzle”

Pour autant, ces mesures ne convainquent pas tout le monde. Jay Edelson, avocat de la famille d’Adam, estime qu’elles arrivent "beaucoup trop tard" et dénonce des failles de conception majeures. Selon lui, ChatGPT a validé les pensées suicidaires de l’adolescent et contribué à son isolement. D’autres expert·es reprochent à OpenAI de reporter la responsabilité sur les parents, alors que certain·es adolescents utilisent le chatbot à leur insu.

Dans un communiqué, l'entreprise reconnaît que ces mesures sont un premier pas, et que les garde-fous mis en place ne sont pas parfaits. « Les contrôles parentaux ne représentent qu’une pièce du puzzle pour protéger les adolescents en ligne. Ils fonctionnent mieux lorsqu’ils sont combinés à des discussions régulières sur l’utilisation responsable de l’IA, à des règles familiales claires et à un suivi actif de ce que fait l’adolescent en ligne. », affirme Robbie Torney, directeur principal des programmes IA chez OpenAI.

Près d’un·e jeune sur deux utilise l’IA chaque jour, selon une étude

La start-up développe aussi un système de prédiction d’âge censé appliquer automatiquement des paramètres adaptés aux moins de 18 ans. Une initiative qui soulève de nouvelles questions sur la protection des données personnelles. Les parents peuvent interdire que les conversations de leurs enfants soient utilisées pour entraîner l'IA, c’est-à-dire pour améliorer le modèle en s’appuyant sur les échanges avec les utilisateurs·rices. Néanmoins, certains s’inquiètent que ces données soient exploitées sans consentement clair.

Cette vigilance est d’autant plus cruciale que l’usage de l’intelligence artificielle explose chez les jeunes : selon une étude de l’agence française Heaven (spécialisée dans le marketing digital et l’influence), 42 % des 18-25 ans utilisent l’IA chaque jour, et près de 80 % au moins une fois par semaine.

Références :

[Photo de couverture : Getty Images]

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