Déshumanisation du Web : quand les bots et l'IA prennent le pouvoir

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Déshumanisation du Web : quand les bots et l'IA prennent le pouvoir

En 2024, pour la première fois en dix ans, les humain·es ne sont plus les visiteurs·ses majoritaires sur le Web :

51%

du trafic est désormais généré par des bots

selon le rapport Bad Bot 2025 d’Imperva (entreprise spécialisée dans le conseil en cybersécurité)

Cette abréviation du mot "robot" désigne un programme informatique qui agit comme agent pour simuler une activité humaine.

Plus préoccupant encore, 37 % de ce trafic est le fait de bots malveillants, en hausse pour la sixième année consécutive. Ces agents automatisés, souvent dopés à l’IA, mènent jusqu’à 2 millions d’attaques par jour, ciblant en priorité les API métiers (interfaces logicielles), les services financiers, la santé, l'e-commerce, ou encore le secteur du voyage, devenu la cible n°1 avec 27 % des attaques.

En parallèle, les contenus eux-mêmes deviennent de plus en plus artificiels, nourris avec des IA génératives. Sur la plateforme de streaming musical Deezer, 18 % des morceaux téléchargés quotidiennement sont générés par intelligence artificielle, soit environ 20 000 titres par jour. Cette prolifération de musiques synthétiques est rendue possible par des plateformes ouvertes à l’auto-publication, sans contrôle systématique des droits ni de l’origine des œuvres.

Si Deezer a mis en place un outil de détection en janvier 2025, celui-ci peine à freiner une vague d'automatisation qui soulève de lourdes questions juridiques et éthiques, notamment autour du droit d’auteur et de la rémunération des artistes humains.

Entre bots visiteurs et bots créateurs, le numérique a tendance à se déshumaniser. Cette transformation invisible interroge : demain, quelle place pour les humain•es au sein d'écosystèmes digitaux dominés par des intelligences artificielles ?

Références :

[Photo de couverture : Panagiotis Falcos]

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