Lobbying intensif de Meta pour empêcher la régulation de l'IA aux Etats-Unis

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Julia CorazzaniJulia Corazzani

Lobbying intensif de Meta pour empêcher la régulation de l'IA aux Etats-Unis

Le 23 septembre 2025, Meta a annoncé la création d'un nouveau "Super PAC", nommé American Technology Excellence Project (Projet d'excellence technologique américain), destiné à s'opposer à toute régulation concernant l'intelligence artificielle aux États-Unis.

Un PAC (Political action committee - Comité d'action politique) est une organisation privée qui a pour but de financer des campagnes politiques ou lobbyings aux Etat-Unis. Les Super PAC, instaurés suite à un arrêt de la Cour suprême en 2010, bénéficient par rapport aux PAC d'une réglementation assouplie et n'imposent aucun plafond de financement pour les donateurs·rices.

Plus de 1100 propositions de régulation sur l'intelligente artificielle ont été introduites outre-Atlantique cette année, sur des sujets aussi variés que la protection des mineur·es ou la transparence des données. Selon Meta, ces propositions seraient mal conçues et risqueraient de nuire au développement technologique des Etats-Unis, notamment dans le cadre de sa course à l'IA avec la Chine.

Par cette action, le groupe de Mark Zuckerberg affirme clairement son ambition : soutenir des candidat·es favorables à la non régulation de l'IA afin d'empêcher l'adoption de lois risquant de freiner son expansion. Meta prévoit d'y investir plusieurs dizaines de millions de dollars, selon sa porte-parole Rachel Holland.

Cette stratégie s’inscrit dans la lignée d’autres acteurs influents du secteur. Le fonds d'investissement Andreessen Horowitz (a16z), ainsi que le président d’OpenAI Greg Brockman, ont eux aussi annoncé la création d’un PAC similaire, doté de 100 millions de dollars pour plaider contre une réglementation stricte de l'IA.

Les actions de Meta ne se contentent pas d'influencer uniquement la politique étasunienne mais s'étendent également au continent européen. C'est ce que rapporte le Corporate Europe Observatory, organisme en charge de la surveillance du lobbying, dans une enquête datant d'avril dernier. Les grandes entreprises technologiques (Meta, Google, OpenAI, Microsoft...) sont intervenues pour contester le Code de bonnes pratiques élaboré par le Bureau européen de l'IA dans le cadre de la mise en application de l'AI Act. Selon leur rapport, les échanges et "ateliers exclusifs", sans compte-rendus partagés, ont mené à la rédaction d'une version finale beaucoup plus souple que celle d'origine.

Meta, et plus globalement les géants de la Tech, s'imposent comme des acteurs politiques majeurs du débat sur la régulation de l'IA. Ils confirment leur volonté de peser sur les choix législatifs mondiaux pour influencer les règles du jeu de ce secteur en pleine expansion.

Références :

[Photo de couverture : Omar Flores]

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