Comment préserver sa santé mentale à l'ère des réseaux sociaux ?
A l’heure où les écrans sont omniprésents dans notre quotidien, les réseaux sociaux le sont tout autant. Quels sont les impacts potentiels de ces plateformes sur notre santé mentale, et comment s’en protéger ?
Instagram, TikTok, Snapchat, Facebook… au moins l'une de ces plateformes occupe une place importante dans votre vie, comme dans celle de nombreuses personnes. En janvier 2024, 62,3 % de la population mondiale possédait au moins un compte sur un réseau social.
Selon l’association suisse Minds, les réseaux sociaux sont des espaces de création et de construction de relations. On peut les voir comme des lieux de formation de l’identité, d’expression de soi et d’apprentissage sur le monde, surtout chez les plus jeunes.
Cependant, l’utilisation des réseaux sociaux est loin de faire l’unanimité, en raison de leur fort impact potentiel sur la santé mentale, entraînant des restrictions d’âge… plus ou moins respectées.
Quelques-uns des impacts négatifs des réseaux sociaux sur la santé mentale
La comparaison excessive
Des études ont démontré une tendance à la comparaison à outrance, notamment chez les 13-20 ans. Tout simplement car de nombreuses publications mettent en avant une version idéalisée et filtrée de la vie des utilisateurs·rices, poussant à la comparaison avec un quotidien moins idyllique.
L’identification à des influenceurs·ses ou créateurs·rices de contenus mettant en avant une vie « parfaite » peut entraîner des complexes liés à la popularité, l’argent ou encore le physique – ce dernier point menant parfois à des troubles du comportement alimentaire. En 2019, Instagram a d'ailleurs reconnu lors d’une enquête interne « empirer le rapport à son corps d’un·e ado sur trois ». Cette comparaison constante peut, sur le long terme, porter atteinte à l'estime de soi et engendrer un sentiment persistant d'insatisfaction.
Le cyberharcèlement
Le phénomène de cyberharcèlement (désignant une forme de harcèlement moral, sexuel ou encore scolaire pratiqué sur Internet) a également pris de l’ampleur ces dernières années. A cet égard, on peut notamment se rappeler la vague de menaces et d’insultes envers les collégien·nes né·es en 2010. Malgré les préventions au sein des établissements scolaires, certain·es élèves ont été entraîné·es vers la dépression - voire le suicide dans les cas les plus extrêmes.
Le cyberharcèlement peut être particulièrement destructeur, car il se poursuit même après l'école : les victimes peuvent recevoir des messages de leurs harceleurs·ses sur les réseaux sociaux. Si vous êtes victime ou témoin de cyberharcèlement, voici les numéros d’urgence à connaître : le 3018 et le 3020.
L'addiction et la peur de passer à côté de quelque chose
Une utilisation excessive des réseaux sociaux peut générer des addictions, avec un phénomène appelé fear of missing out. Ceci désigne la peur de rater quelque chose d’important se passant en ligne, encourageant certaines personnes à consulter les réseaux sociaux le plus souvent possible, pour voir et réagir aux nouveaux posts.
Certains mécanismes, comme les notifications fréquentes et le défilement infini des contenus, entretient cette crainte constante de manquer quelque chose. A terme, cela peut entraîner une dépendance et une incapacité à se déconnecter, affectant ainsi le sommeil et la concentration.
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Quelques conseils pour se protéger
Trouver un équilibre
Il est important de garder un équilibre entre le temps passé en ligne et hors ligne :
- De nombreux téléphones, ainsi que certaines applications, proposent de fixer une limite de temps d’écran. Une fois le temps défini écoulé, il n’est soit plus possible d’accéder à l’application, soit nécessaire d’utiliser un code pour continuer sa navigation.
- Désactiver les notifications dans les réglages du téléphone ou de l’application peut également aider à être moins tenté de les consulter.
- Établir des plages horaires spécifiques pour utiliser les réseaux sociaux et respecter ces limites peut contribuer à réduire l’addiction.
Diversifier ses activités
Pour ne pas s’ennuyer, trouvez des activités ou des passions qui ne nécessitent pas de consulter les réseaux sociaux. Voici quelques idées : lire, faire du journaling (terme emprunté à l’anglais qui désigne un rituel d’écriture quotidien consistant à coucher sur le papier ses pensées, ses émotions ou encore le plan de ses journées), peindre ou dessiner, pratiquer un sport, faire de la pâtisserie…
Si vous avez une passion particulière ou souhaitez développer un sujet qui vous intéresse, il existe de nombreux clubs, formations ou conférences vous permettant d’approfondir ces thématiques tout en les partageant avec autrui. Par exemple : les clubs de sport, les cours de cuisine, les cafés littéraires, les soirées à thème, ou encore l’engagement dans une association caritative. Autant d’activités pouvant offrir des moyens de s’exprimer et de se détendre, tout en diminuant la dépendance aux écrans.
Suivre des comptes inspirants
Pour éviter la comparaison, suivez des comptes inspirants et bienveillants. Des mouvements comme le body positive, phénomène de société en faveur de l’acceptation et l’appréciation de tous les types et formes de corps humains, ont permis à beaucoup de personnes d’apprendre à apprécier leur corps et à prendre confiance en elles. Certains contenus encouragent également à développer vos passions et à découvrir de nouveaux sujets. Et si certains posts vous envahissent, n’hésitez pas à vous désabonner.
Faire une détox digitale
Parfois, il peut être nécessaire d'entreprendre une digital detox. Ceci désigne le fait de se déconnecter des écrans (téléphones, ordinateurs, télévision…). Vous pouvez par exemple supprimer toutes les applications prenant une grande place dans votre quotidien pour une période allant d’une journée à plusieurs semaines. Vous pouvez également décider de couper complètement votre téléphone pendant vos vacances pour déconnecter. Cette pause permet de réduire le stress et de réévaluer l’importance des réseaux sociaux dans votre vie.
Prendre soin de sa santé mentale
En cas de forts impacts des réseaux sociaux sur votre santé mentale ou celle d’autrui, demander de l’aide à des proches ou des professionnel·les de santé peut faire la différence. En particulier si vous ressentez un mal-être persistant lié à l’usage de ces plateformes.
Enfin, rappelez-vous que même vos influenceurs·ses favori·tes ne montrent pas toujours les jours de pluie. Récemment, le YouTubeur Squeezie a exprimé son besoin de faire une pause. Quant à l'influenceuse Lena Situations, elle a choisi de communiquer publiquement sur ses problèmes de stress. Pourtant, cette transparence vis-à-vis des difficultés rencontrées dans ce métier reste encore rare.
En entretenant un usage sain et équilibré des réseaux sociaux, il est possible de profiter de leurs nombreux avantages tout en minimisant leurs effets négatifs.
Références :
- Blog du Modérateur - Chiffres réseaux sociaux 2024
- Minds - Réseaux sociaux, comment tisser sa toile et préserver sa santé mentale ?
- Le Monde - Instagram peut avoir des effets néfastes sur les adolescents, selon une étude menée par Facebook
- Service Public - Cyberharcèlement (harcèlement sur Internet)
- Franceinfo - #Anti2010 : trois questions sur ce mouvement à l'origine de harcèlement visant des collégiens nés en 2010
- Qare - L’art de déconnecter : comment et pourquoi faire une pause ?
- Le Parisien - « Je n’avais jamais écouté mon corps » : Lena Situations révèle avoir été hospitalisée à cause du stress
- "Leur patron est un algorithme" : les burn-out se multiplient chez les youtubeurs
[Photo de couverture : Wladislaw Peljuchno]
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