Jouets connectés : quelles précautions pour qu'un enfant s'amuse en toute sécurité ?

Données personnelles : un enjeu pour la vie privée des enfants

Robots éducatifs, poupées interactives : chaque année, les catalogues de Noël regorgent d’innovations ludiques. La plupart des jouets intelligents fonctionnent grâce à des capteurs, des microphones, et parfois des caméras ou des dispositifs de géolocalisation. Certains intègrent des dispositifs d'IA générative leur permettant de faire la conversation. Ils enregistrent la voix de l’enfant, ses réponses, ses habitudes de jeu et dans certains cas son environnement sonore.

Les jouets dotés d’IA écoutent ce qui se passe. C'est nécessaire pour qu'ils puissent converser. Mais l’un des jouets que nous avons testés a surpris nos chercheurs en intervenant spontanément dans une conversation qui ne lui était pas adressée.

Le rapport Trouble in Toyland de l’ONG américaine Public Interest Research Group (PIRG), publié en 2025, souligne que les fabricants de jouets stockent ces données et les utilisent pour améliorer leurs services ou leurs algorithmes. L'un des défis réside donc dans la transparence. De nombreux parents ignorent précisément quelles informations sont collectées, comment elles sont traitées et pendant combien de temps elles sont conservées. Par ailleurs, certaines données peuvent être partagées avec des partenaires commerciaux, ce qui interroge sur l’exposition précoce des enfants au marketing ciblé.

Elles risquent également de se retrouver entre les mains de pirates informatiques malintentionnés. Une enquête de l’entreprise de cybersécurité Kaspersky a démontré qu’un robot-jouet peut subir un piratage. Des cybercriminels ont réussi à activer sa caméra, écouter les conversations du foyer et entrer en contact direct avec l’enfant par appel vidéo.

Lors de la configuration initiale, les parents sont invités à connecter le jouet à un réseau Wi-Fi, à le relier à leur appareil mobile, puis à fournir le nom et l'âge de l'enfant. Au cours de cette phase, les experts de Kaspersky ont découvert un problème de sécurité préoccupant : l'API (interface de programmation d'applications) responsable de la demande de ces informations ne requiert pas d’authentification, l’étape qui permet de confirmer qui peut accéder aux ressources d’un réseau privé.

Cette situation souligne l’importance de considérer les jouets connectés comme de véritables objets numériques, soumis aux mêmes problématiques que les smartphones ou les ordinateurs.

Un impact sur le développement psychique infantile à surveiller

Les jouets qui intègrent des assistants conversationnels peuvent parfaitement imiter une interaction humaine. L’enfant peut donc poser des questions, recevoir des encouragements ou encore écouter des histoires personnalisées. Cette dimension relationnelle constitue l’un de leurs principaux arguments de vente.

Toutefois, l’Académie nationale de médecine souligne la nécessité de rester attentifs aux effets psychiques de ces interactions prolongées. Chez certain⸱es enfants, un attachement affectif fort peut se développer. Il⸱elle perçoit alors le jouet comme un⸱e véritable interlocuteur⸱rice, ce qui peut brouiller la frontière entre relation humaine et relation artificielle. Les spécialistes insistent donc sur l’importance de maintenir un équilibre entre jeux numériques, jeux traditionnels et interactions sociales réelles.

Les parents doivent aussi encadrer la durée d’utilisation de ces jouets. Comme pour les écrans, un usage excessif peut réduire le temps consacré à l’imagination et aux échanges avec les proches, qui remplissent un rôle fondamental dans le développement émotionnel et social.

Des contenus générés par l’IA qui présentent des failles

Les jouets connectés les plus récents utilisent des modèles d’intelligence artificielle capables de produire des interactions spontanées. Cette technologie ouvre de nouvelles possibilités éducatives, mais elle peut aussi fournir des réponses erronées.

Les jouets sont conçus pour les enfants. Mais pas les modèles d’IA.

Pour son rapport, le PIRG a notamment testé plusieurs jouets qui utilisent l’IA. L’un de ces jouets, un ours en peluche connecté, a été en mesure de fournir des conseils inadaptés concernant des objets dangereux présents dans la maison ou d’aborder des sujets inappropriés pour un jeune public. Ces situations restent davantage liées à des défauts de paramétrage, mais elles montrent que les filtres de sécurité doivent encore être renforcés.

Par ailleurs, certains jouets sont conçus pour encourager une utilisation régulière, à travers des messages valorisants et des invitations répétées à interagir. Limiter leur usage est donc nécessaire afin d’éviter toute forme de dépendance.

Vers un usage plus sûr des jouets connectés

En France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sensibilisent la population aux risques que peuvent représenter ces jouets. Certains gestes simples peuvent garantir plus de sécurité pour les enfants.

Pour profiter des bénéfices des jouets connectés tout en limitant leurs inconvénients, plusieurs bonnes pratiques sont donc recommandées :

• Vérifier la provenance des jouets. Le label « CE » atteste qu’un produit se conforme à la réglementation européenne.
• Désactiver les microphones ou caméras lorsque le jouet est inactif.
• Éteindre le jouet lorsque l'enfant ne s'en sert pas.
• Lire attentivement les politiques de confidentialité.
• Effectuer les mises à jour recommandées et modifier le mot de passe régulièrement.
• Encadrer le temps d’utilisation.
• Surveiller son enfant lorsqu’il joue.

Les jouets connectés offrent un large panel de divertissements pour les enfants. Ils peuvent favoriser l’apprentissage, la curiosité et la personnalisation des activités. Cependant, leur usage nécessite actuellement un cadre strict afin de protéger au mieux la vie privée et la santé mentale des enfants. Une vigilance lors de l'achat du produit et une surveillance accrue pendant les temps d'utilisation garantiront une utilisation optimale de ces jouets innovants.

Références :

• Public Interest Research Group

  Trouble in Toyland 2025

• Kapersky

  Les vulnérabilités d’un jouet connecté pourraient permettre aux cybercriminels de discuter en vidéo avec les enfants

• Académie nationale de Médecine

  Les jouets et objets connectés à des assistants conversationnels menacent la santé mentale des enfants et des adolescents

• Commission nationale de l’informatique et des libertés

  Géolocalisation des enfants : quels enjeux pour leur vie privée ?

• Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes

  Objets connectés : les risques à connaître