Le numérique hors des écrans : nos recommandations culturelles de novembre

Il faut s’imaginer dans une vaste étendue changeante, d’abord un fond marin quasiment turquoise, puis une forêt hantée aux arbres flétris, avant un désert loin de la Terre. Autour de soi, les paysages surprennent tant ils recouvrent tout le visible de façon impressionnante. Seul un élément demeure, immuable : un piano à queue. L’avatar de la musicienne chinoise Yuja Wang en joue et guide les spectateurs⸱rices dans Playing with fire, « l’odyssée immersive » de la Cité de la musique (19e arrondissement de Paris), présentée du 14 novembre 2025 au 3 mai 2026.

L’institution parisienne invite ainsi ses visiteurs⸱ses à « expérimenter une nouvelle forme de concert », à l’aide de casques de réalité virtuelle et de nouvelles technologies numériques. « Cette création est destinée à un public d’une quarantaine de personnes, invitées à déambuler dans la pièce pendant plusieurs dizaines de minutes », résume Pierre-Alain Giraud, réalisateur de cette œuvre. « Nous avons d’abord suivi une direction artistique très XIXème siècle. Mais, ensuite, nous avons travaillé le sound design et fait un travail associant les réalités mixte et virtuelle. »

L’ouvrage Les Dossiers noirs d’Elon Musk, publié par les éditions Nouveau monde en ce mois de novembre 2025, pourrait ravir les adeptes de lecture de critique numérique. Si le livre, sous la direction du spécialiste de l’espionnage Yvonnick Denoël, brasse l’entiéreté de l’empire de l’entrepreneur, en s’attardant sur les places-fortes Tesla et SpaceX, il n’omet pas de réserver certains de ses propos à « la manipulation de l’information avec X et Grok, une intelligence artificielle dévoyée, plus encore qu’on ne le croit ».

Dans son introduction, Yvonnick Denoël se veut d’ailleurs assez incisif à ce propos, en parlant d’Elon Musk : « Brutal et sans filtre, il utilise Twitter comme un "flux de conscience", n’hésitant pas à être direct, voire injurieux, y compris envers ses employés. » Le directeur de l’ouvrage entend ainsi aussi explorer « les rivages numériques du royaume Musk, qui s’est adjoint le puissant porte-voix de Twitter et qui en use comme de sa chose privée, sans considération pour les règles traditionnelles du débat dans l’espace public ».

Les dix lauréats de la septième édition du FoRTE (Fonds régional pour les talents émergents) de la Région Île-de-France exposent depuis le 19 novembre leurs œuvres aux Réserves du Frac (Fonds régional d’art contemporain), situées à Romainville en Seine-Saint-Denis. Parmi elles⸱eux, Lou Fauroux, née en 1998, affiche son installation vidéo et son impression sur tissu synthétique réunies sous le titre K-Detox (The Internet Collapse).

Avec son œuvre, la jeune artiste native de Mulhouse (Haut-Rhin) désormais basée à Paris « met en perspective, de manière dystopique, l’omniprésence d’Internet, des réseaux sociaux et de l’IA dans nos vies ». Une démarche qui ne date pas d’hier puisque l’intéressée produit depuis 2022 « un corpus d’œuvres à propos de la durabilité des systèmes digitaux actuels ainsi que sur les effets de leur effondrement dans l’hypothèse d’un épuisement général des ressources naturelles ».