#BlackFriday : 3 bonnes raisons de boycotter les objets connectés

Soutenez un média indépendant

Reportages, enquêtes, initiatives et solutions en accès libre : pour un numérique plus responsable, notre rédaction compte sur vous.

Maëlys T.Maëlys T.

3 min

#BlackFriday : 3 bonnes raisons de boycotter les objets connectés

Black Friday 2022 : les enceintes comme les montres connectées ont fait fureur. Selon le cabinet GFK, les ventes de ces produits se sont envolées de 29%. Pourtant leur achat en période de soldes n'est peut-être pas une bonne nouvelle pour l'environnement, ni pour votre vie privée... voici quelques pistes pour y voir plus clair.

Schéma sur l'IoT - Des objets physiques avec des capteurs - Des applications permettant de faire des actions sur ces objets physiques - un réseau de communication sans fil - un espace de stockage de donnée en ligne

1 - Les objets connectés sont difficilement recyclables

Trier les appareils électroniques revient à séparer leurs matériaux. Le recyclage de ce type de déchet fait débat car il est difficile de recycler et de réutiliser certains composants électroniques miniaturisés. La plupart du temps, l'obsolescence programmée ainsi que l'avancée des technologies font qu’ils ne sont plus compatibles avec d'autres appareils plus récents.

2 - Les objets connectés sont susceptibles d’être piratés assez facilement

Imaginons que vous achetez en ligne un assistant vocal permettant de répondre à n'importe quelle requête : lancer une recherche sur le Web, mettre de la musique, etc. Comme l’outil est connecté avec votre compte e-mail, ces données peuvent apparaître dans votre historique... et servir à analyser votre navigation (coucou Google Analytics).

Certains hackers peuvent détecter une faille permettant de s'introduire dans le système de votre assistant vocal. L'objectif : en prendre le contrôle et voler vos données. Dans le meilleur des cas, cet accès leur permettra de vous faire de mauvaises farces. Sinon, de vous demander de payer une rançon en échange de vos données personnelles. Un exemple significatif : la poupée Cayla. Ce jouet pour enfants permettait à n'importe qui d'espionner les conversations. Tout simplement car les objets équipés d'une assistance vocale pré-enregistrent vos échanges, entre adultes ou avec vos enfants, afin de prendre les devants sur vos demandes et d'éviter de vous faire répéter.

S'il s'agit d'un problème qui inquiète en grande partie les entreprises et les institutions, il est nécessaire de prendre en compte ce risque avant votre achat. D'autant plus que le statut juridique des objets connectés est encore relativement obscur. Certes, la question des données personnelles récupérées par les objets connectés est directement rattachée à la réglementation générale de la protection des données (RGPD), en vigueur sur le sol européen. Mais aucune instruction spécifique ne vise les spécificités de l'IOT.

3 - Lors du Black Friday, vous n'aurez pas le temps de vous renseigner auprès des vendeurs·ses

D'après une étude de Statista, un tiers des français·es participant à cet événement achète uniquement ce dont ils·elles ont réellement besoin. Seulement un quart d'entre eux·elles fait attention à la qualité des produits commandés.

Soulignons qu'un objet connecté a des spécificités techniques peu connues du grand public. Le·la vendeur·se est en théorie le·la plus qualifié·e pour vous guider dans vos achats. Lors d'un tel événement, compte tenu de la charge de travail occasionnée pour les commerçant·es, il se peut que vous tombiez sur une personne qui n'aura pas le temps de vous répondre. Un manque d'assistance qui pourrait vous conduire à acheter une montre connectée ayant une empreinte carbone et des failles de sécurité plus importantes qu'une autre.

De plus, appliquer des soldes sur une journée comme le Black Friday exacerbe le sentiment d'urgence des client·es. De quoi les pousser à vouloir acquérir au plus vite un article. Face à cette opportunité "exceptionnelle", ils·elles ne prennent parfois pas le temps de se renseigner correctement. Cela encourage donc les achats compulsifs d'objets qui, finalement, ne serviront qu'une ou deux fois dans l'année. Le recours massif aux comptes à rebours, une technique marketing éprouvée (pour n'en citer qu'une), n'y est pas étranger.

Est-ce que j'en ai vraiment besoin... et le jeu en vaut-il la chandelle ?

Certaines entreprises promettent d'être de plus en plus précautionneuses sur les questions de cybersécurité, et mettent au point des mises à jour régulières de leurs systèmes pour protéger les appareils des attaques. Toutefois, les objets connectés restent par essence des outils ayant de potentielles failles de sécurité qui peuvent être détectées un jour ou l'outre par un hacker.

Récemment, de nombreuses normes européennes et internationales ont été votées pour obliger les fabricants à changer le cahier de charges de leurs produits. En France, le parlement a voté des règlementations en ce sens, notamment la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) pour réduire l'empreinte environnementale du numérique. Des règlements qui poussent à réfléchir à différentes questions d'écoconception : substances utilisées, prévention et traitement des déchets, allongement de la durée de vie des appareils et transparence vis-à-vis des consommateurs·rices.

Enfin, dans sa dernière campagne de sensibilisation dans la lutte contre le gaspillage, l'ADEME rappelle que la location revient moins chère que d'acheter un produit qui ne sera jamais amorti par une seule utilisation. Un principe qui s'applique, dans bien des cas, à l'IoT.

Références :

[Photo de couverture : Sayan Majhi]

Soutenez-nous en partageant l'article :

Sur le même thème :