Les précautions de base à prendre quand on discute avec une IA générative

Avec l’explosion des outils d’intelligence artificielle générative comme ChatGPT ou Midjourney, discuter avec une IA n’est plus réservé à des expert·es. En seulement quelques clics, elles produisent du texte, des images ou du son. Avec leur immense potentiel, elles s’invitent désormais dans nos vies aussi bien professionnelles que personnelles.

Mais avant d’intégrer ces assistants dans nos pratiques, il est essentiel de comprendre leur fonctionnement et de connaître les précautions à adopter. Car une IA générative n’a ni émotions, ni conscience, ni convictions, ni opinions. Quand elle produit une réponse, il s’agit uniquement de la restitution de schémas appris, sans créer de sens nouveau. Même si les réponses semblent fluides et cohérentes, une IA ne "pense" pas. Elle ne comprend pas réellement les mots qu’elle génère. Un fait à garder en tête pour éviter de surévaluer ses capacités.

La révolution de l'IA pose des questions essentielles. Comment protéger ses données ? Eviter de se faire piéger par des erreurs ou des biais ? Quels sont les impacts écologiques de ces technologies ? Comment bien utiliser les prompts ? Voici un tour d’horizon des précautions de base à prendre pour discuter avec une IA générative.

Protéger sa vie privée lors des échanges

Lorsqu’on échange avec une IA, la tentation est grande de lui confier des détails personnels pour obtenir des réponses plus précises. Or ces informations peuvent être stockées, analysées, voire réutilisées pour entraîner de futurs modèles.

Il est donc fortement déconseillé de partager des identifiants, mots de passe, coordonnées bancaires, ainsi que des documents confidentiels, des récits intimes ou trop précis concernant votre vie privée.

En pratique, si vous devez illustrer un problème personnel ou professionnel, privilégiez des exemples fictifs ou anonymisés. Parler de "l’entreprise X" ou de "Monsieur Y" permet de limiter les risques. Par exemple, au lieu de demander « Écris un message à mon fils Paul, qui habite à Lyon et a raté son bac », privilégiez « Donne-moi un exemple de lettre pour un proche qui vient d’échouer à un examen ».

Vérifier la fiabilité des réponses

Les IA génératives sont capables de produire des réponses très convaincantes, mais parfois totalement fausses. Elles peuvent inventer des références, citer des auteurs·rices inexistant·es, fournir des chiffres erronés, déformer des faits, etc. Il est donc indispensable de conserver un esprit critique et de garder un réflexe de vérification.

Pour ne pas être induit·e en erreur, demandez à l’IA de fournir ses sources, croisez les informations affichées avec d’autres sites fiables, et restez prudent·e face à des affirmations trop précises ou au contraire trop générales.

L’IA est à considérer comme un outil d’aide, pas une autorité infaillible. D'autant plus qu'elle n’est pas conçue pour vous contredire. Si votre postulat de départ est faux, il est possible qu'elle tente tout de même de vous satisfaire - quitte à donner des réponses fausses, incomplètes ou trompeuses.

Comprendre et limiter les biais

Les IA génératives s’appuient sur d’immenses bases de données issues d’Internet, qui reflètent les inégalités et stéréotypes existants. Ces modèles sont donc entraînés sur des données parfois imparfaites, ce qui peut notamment les amener à produire des contenus sexistes, racistes ou discriminants.

Pour limiter ses biais :

• Formulez vos questions de façon neutre et inclusive : posez des questions ouvertes et sans jugements pour que l’IA réponde de manière équitable.
• Interrogez l’IA sur ses limites : certaines sont capables de reconnaître leurs zones d’incertitude.
• Ne déléguez jamais votre jugement critique : chaque utilisateur·rice reste le·la garant·e de la pertinence du contenu.

Prendre en compte les impacts écologiques

L’IA est un outil puissant qui doit être utilisé avec parcimonie. On oublie souvent que derrière ce qui apparaît comme une simple requête se cachent d’immenses infrastructures énergivores. L’entraînement des modèles d'IA nécessite des ressources considérables, notamment en eau et en électricité. Leur utilisation quotidienne a un coût environnemental non négligeable :

Les centres de données liés à l'IA ont consommé près de 460 térawattheures (TWh) d'électricité en 2022, soit environ 2% de la production mondiale. Cette proportion pourrait doubler d'ici 2026 en raison de l'essor de l'IA générative. Quant à la création d'une image en haute définition par une IA, cela consomme autant d'énergie que la recharge complète d'un téléphone portable (source : Délégation régionale académique au numérique éducatif d'Ile-de-France).

Pour réduire l'empreinte environnementale de l'IA :

• Evitez les demandes répétitives ou inutiles : réservez l’usage de l’IA aux situations où elle apporte une vraie valeur ajoutée.
• Pour obtenir rapidement des informations factuelles, plutôt que de solliciter systématiquement l’IA, utilisez un moteur de recherche avec une requête ciblée.

Bien utiliser les prompts

Plus un prompt (instruction donnée à l’IA) est clair et précis, plus la réponse sera pertinente. Elément central dans la qualité des réponses attendues, il peut aussi être vu comme une compétence créative. Formuler correctement ses requêtes, tester différentes approches, comparer les résultats… tout cela permet de mieux exploiter l’IA en gardant le contrôle.

Il est essentiel de ne pas y inclure des données personnelles, et de ne pas formuler de requêtes illégales ou discriminantes.

Bonnes pratiques de formulation :

• Définir le format : résumé, liste, tutoriel...
• Préciser le ton : formel, pédagogique, humoristique...
• Fixer la longueur : nombre de mots ou points à couvrir.
• Demander des exemples pour enrichir la réponse.
• Reformuler si le résultat ne convient pas.

L’intelligence artificielle générative peut être envisagée comme un outil de soutien : elle facilite le brainstorming, apporte des pistes d’inspiration et aide à structurer des idées. Les contenus produits ne sont cependant qu’une base de travail, à retravailler pour s'assurer de la véracité des informations transmises, et refléter le style comme la pensée de chacun·e.

Une production efficace repose donc sur une interaction active, où l’IA suggère et l’utilisateur·rice sélectionne ou adapte. En intégrant ces quelques précautions simples, il devient possible d’exploiter les avantages de ces outils tout en restant conscient·e de leurs limites.

Références :

• Délégation régionale académique au numérique éducatif d'Ile-deFrance

  Quel est l’impact environnemental d’une IA générative ?

• Info.gouv.fr

  IA génératives : comment bien les utiliser ?

• France Num

  Comment créer des prompts efficaces : guide du débutant